Le socialisme et la société britannique

Why I Write
par George Orwell

George Orwell est peu connu pour ses essais, car généralement encensé pour ses romans La ferme des animaux et 1984. Dystopies fortes en symbolisme, ces oeuvres utilisent des mondes fictifs pour identifier et dénoncer les points saillants d’une société pourtant bien réelle. Car Orwell, au-delà des écrits romanesques, était également journaliste dans les années 1930 et 1940. Il était donc un observateur privilégié de l’essor du communisme en Europe, ainsi que de la montée du totalitarisme.

couverture du livre "Why I write", recueil d'essais de George Orwell

Ces événements, ainsi que l’observation de la lente agonie de l’Empire Britannique, notamment en Inde, ont inspiré l’écriture d’un certain nombre d’essais à Orwell. Le recueil « Why I write » en regroupe 4, sur des sujets assez différents. Tous sont courts, allant de moins de 10 pages à maximum 70 pour le plus long. Les sujets traités :

  • Les raisons qui ont poussé Orwell à écrire.
  • Le socialisme en Grande Bretagne.
  • Les exécutions de prisonniers militaires.
  • L’utilisation du language à des fins politiques.

« Le socialisme et le génie anglais »

L’essai sur le socialisme est l’oeuvre principale du recueil. Orwell fait des observations sur l’histoire britannique et sur la « personnalité » de la société britannique. Il tente d’expliquer pourquoi le totalitarisme, pourtant en vogue en Europe continentale, ne fonctionnerait pas à Londres. Ses observations militaro-historiques m’ont semblé pertinentes. Par exemple, la marine est la véritable force armée anglaise, alors que le totalitarisme se base sur une culture forte de l’armée de terre. Ainsi, les britanniques ne sont pas habitués à une forte présence militaire « à la maison », et seraient donc moins enclins à supporter une militarisation de leur vie quotidienne.

Orwell bâtit son observation de la société britannique sur des réflexions à propos du caractère des hommes politiques anglais, et sur le classisme qui envahit tous les aspects de la vie politique et économique du Royaume. Ces passages constituent selon moi le réel intérêt de l’essai. Car Orwell se fend dans sa seconde partie d’une série de recommendations sur le meilleur moyen d’instaurer un système socialiste en Angleterre. Etant écrit en 1941, au beau milieu du Blitz, cet essai tente à la fois d’expliquer comment « passer au socialisme démocratique« , sortir de la guerre, gérer l’après-Empire… Bref, c’est très (trop) ambitieux et légèrement brouillon sur la fin. Voire même, non sans une certaine ironie, utopique…

Portrait de George Orwell, auteur d'essais politiques
George Orwell – photo wikipedia

« La politique et la langue anglaise »

L’autre essai vraiment réussi de ce recueil est celui traitant du language. Orwell met en exergue des tendances qu’il observe au niveau de l’utilisation de la langue anglaise. Il se désole de son appauvrissement. Et selon lui, language et pensée étant intimement liés, une baisse de niveau de l’un risque d’entrainer un baisse de niveau de l’autre. Heureusement, l’essai n’est pas uniquement l’occasion pour Orwell de se morfondre, tout en critiquant ses contemporains. Il donne des conseils d’écriture que je me vois personnellement utiliser à l’avenir, dans un cadre pro comme perso.

Je retranscris d’ailleurs ici certains de ses conseils, qui devraient sans doute être appliqués par le plus de monde possible. En écrivant un texte argumentatif, un auteur doit toujours, selon Orwell, se poser les questions suivantes :

  • Quelle est l’idée que j’essaie de transmettre à mon lecteur ?
  • Quels mots sont les meilleurs pour exprimer cette idée ?
  • Quelles images ou comparaisons peuvent rendre cette idée plus claire ?
  • Ces images ou comparaisons sont-elles assez « fraiches » pour avoir un effet sur mon lecteur ?

Orwell semblait en effet obsédé par l’utilisation d’images et d’expressions toutes faites, sans aucune créativité… Standing shoulder to shoulder with… , fishing in troubled waters, toeing the line … Autant d’expressions qu’il avait en horreur, car sur-utilisées… Bref, une fois la chasse à ces expressions achevée, deux questions finales restent, pour Orwell :

  • Puis-je exprimer l’idée de manière plus succincte ?
  • Ai-je écrit quelque chose qui sonne inutilement moche ?

Bref, armé de ces conseils avisés, j’essaierai de mieux écrire lorsque je cherche à convaincre !

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